Quotidien et routine aux postes de traite

Poste avancé de Wood Mountain. Atelier de forgeron au Fort Calgary.

Poste avancé de Wood Mountain. Atelier de forgeron au Fort Calgary.

En plusieurs points de vue, nous vivons dans la PCN-O comme si nous étions des militaires. C’est le cas parce que plusieurs de nos officiers ont fait partie de l’armée ou de la milice avant de joindre la PCN-O. Nos journées débutent tôt et se terminent tard. Certains jours sont très occupés tandis que d’autres sont plus tranquilles et nous nous affairons à notre routine quotidienne.

Appel de clairon

Fabricants de selles, charpentiers, forgerons, et autres ouvriers au Fort Macleod.

Fabricants de selles, charpentiers, forgerons, et autres ouvriers au Fort Macleod.

Les coups de clairon sont à la fois l’horloge et le microphone de la Force. Des appels particuliers sont lancés signifiant certains moments de la journée ou différentes tâches à accomplir tels : repas, entraînement, travail, rassemblement, heure du coucher et celle du lever. Comme les appels sont les mêmes dans chaque poste, tous comprennent leur signification. Les coups de clairon les plus populaires sont :

  • Réveil

  • Appel des écuries

  • Appel des malades

  • Rassemblement

  • Retrait

  • Extinction des feux

Les coups de clairon sont encore utilisés aujourd’hui et ils jouent un rôle dans les cérémonies.

C’est en utilisant les coups de clairon que le commandant d’un poste contrôle les activités et le travail de chacun. La routine reste la même au cours des années. L’hiver, les journées commencent un peu plus tard, l’été un peu plus tôt. Ce qui suit représente une journée type au Fort Calgary en 1875.

  • 6 h : Réveil : Coup de clairon pour réveiller les hommes entre 4 h 45 et 6 h, selon la saison. À la dernière note de l’appel, le drapeau est levé et les fusils du matin se font entendre.

  • 6 h 30 : Rassemblement : Les hommes ont trente minutes pour sauter du lit, s’habiller, se laver, faire leur lit et ranger les bâtiments. À 6 h 30, ils sont attendus, en rang dans leur formation, à l’extérieur des bâtiments. Le sergent fait l’appel et assigne à chacun sa tâche de la journée.

  • 6 h 45 : Écuries : Les hommes retournent à leur caserne, revêtissent leurs habits de travail et se rapportent aux écuries. Ils nourrissent et brossent leurs chevaux.

  • 7 h : Appel de l’arrosage : Les hommes arrosent leurs chevaux en les amenant dans l’eau ou en leur apportant de l’eau.

  • 7 h 30 : Appel d’office : L’heure du déjeuner! Dans les postes, les hommes ont droit à un cordial repas : boeuf ou porc haché, bouilli ou crêpes avec mélasse, pain et thé. Parfois, quand on ne sait pas ce que les cuisiniers préparent avec les restants de la veille, le repas est nommé le « mystère ».

  • 8 h 30 : Appel des malades : Tous ceux qui sont malades se rapportent à l’hôpital pour subir un examen. Quelqu’un qui est trop malade pour travailler demeure à l’hôpital alors que ceux qui souffrent de symptômes mineurs sont envoyés aux travaux légers.

  • 8 h 35 : Appel de corvée : Les hommes assignés à certaines tâches du matin doivent alors se rapporter. Ils peuvent être envoyés à des tâches telles que : la construction de nouvelles écuries ou de casernes, la réparation d’édifices, le nettoyage du sol, le jardinage, la coupe du foin, la fente du bois, ou encore, au transport de l’eau vers le poste.

  • 9 h 30: Fonctions administratives : Les officiers qui ne commandent pas reçoivent les ordres liés à leurs tâches quotidiennes et remettent leurs rapports. Ils sont informés des transferts de prisonniers, des hommes qui doivent quitter pendant leur patrouille ou de tout autre devoir.

  • 10 h : Appel d’entraînement : Tous ceux qui ne sont pas assignés à une tâche précise ne chôment pas pour longtemps. L’entraînement occupe plusieurs heures de la journée.

  • 10 h 05 : Rassemblement : Les hommes se rassemblent pour un entraînement sur terre et marchent en formation sur le terrain de parade, au milieu du fort.

  • 11 h 30 : Rappel : Les équipes d’entraînement et celles de travail aiment cet appel... il signifie que les travaux du matin sont terminés. Les hommes retournent à leurs casernes.

  • Midi : Appel d’office : Le dîner est le principal repas de la journée. Les hommes mangent du boeuf ou du porc bouilli accompagné de pommes de terre, du ragoût ou du boeuf salé avec des légumes. Du thé et du pain sont toujours disponibles.

  • 13 h : Appel de corvée : Temps du retour au travail.

  • 13 h 15 : Bottes et selles : Les hommes qui ne sont pas assignés à d’autres tâches enfilent leurs bottes équestres et montent en selle.

  • 13 h 30 : Appel d’entraînement : L’entraînement équestre commence. Les hommes se précipitent sur le terrain de parade.

  • 13 h 35 : Rassemblement : Les hommes à cheval se pratiquent à chevaucher en formation et exercent leur cheval sur le terrain de parade. Les recrues apprennent à monter leur cheval.

  • 14 h : Montée de la garde : Les hommes choisis pour mener la garde se présentent pour une inspection. Ils marchent jusqu’au poste de garde où ils doivent veiller 24 heures durant sans fermer l’oeil.

  • 15 h : Rappel : Tous les hommes à l’entraînement ou au travail arrêtent pour la journée.

  • 15 h 10 : Appel de l’écurie : Les hommes nourrissent les chevaux, les brossent et nettoient les stalles.

  • 15 h 30 : Appel de l’eau : Les chevaux sont arrosés.

  • 15 h 45 : Rappel : Tous les hommes mettent fin à leurs tâches et retournent dans les casernes.

  • 16 h : Appel d’office: Le repas le plus léger de la journée est servi. Les hommes reçoivent de la viande froide, du pain et du thé.

  • 16 h 30 : Rassemblement : Tous, sauf l’homme chargé de tenir la garde, se regroupent en formation, sur le terrain de parade, devant le drapeau, pour la cérémonie de la mise à terre du drapeau du poste.

  • 16 h 45 : Retrait : Les fusils du soir se font entendre et le drapeau est descendu. L’adjudant lit les « ordres du général » du jour. À l’exception de la garde ou de toutes autres tâches spécialement assignées, les hommes sont alors en congé et peuvent vaquer à ce que bon leur semble.

  • 21 h 30 : Premier poste : Les hommes retournent à leurs quartiers.

  • 21 h 35 : Rassemblement : Les hommes se tiennent en formation devant leurs quartiers en attendant que l’appel soit fait.

  • 22 h : Dernier poste : Tous les hommes doivent aller au lit. Les casernes doivent être silencieuses : pas de bavardage.

  • 22 h 15 : Lumières éteintes : Les lumières de toutes les casernes, écuries et autres édifices doivent être éteintes.

Saviez-vous que chaque troupe possède son propre clairon? Le clairon nous réveille le matin, nous dirige dans nos changements de tâches, nous indique l’heure des repas et l’heure du couvre-feu. L’instrument est comme une horloge. Nous devons écouter attentivement, car différents accords ou coups de clairon sont joués pour différentes raisons. Bien entendu, après quelque temps, les hommes s’habituent à la routine et l’appel du clairon ne devient qu’un aide-mémoire. L’un de nos meilleurs joueurs de clairon est Fred Bagley, dit le coquin. Il se joint à nous alors qu’il n’est âgé que de quinze ans. Le père du jeune Fred, un bon ami du commissaire French, laisse son fils se joindre à la Marche vers l’Ouest à la condition que celui-ci revienne au bout de six mois. Bagley ne retournera pas à la maison avant quatorze années.

Il y a beaucoup d’hommes qui vivent dans les forts avec nous. Il y a bien sûr tous les hommes et les officiers de la PCN-O, un médecin, un chirurgien-vétérinaire, des cuisiniers et un forgeron. Dans quelques postes se trouvent des charpentiers, des armuriers, des fabricants de selles et de harnais. Ces personnes nous aident à exécuter nos tâches en gardant nos bâtiments, nos chariots, nos fusils, nos pistolets, nos selles et nos harnais en bonnes conditions. Plusieurs d’entre eux établissent ensuite des commerces dans les communautés avoisinantes aux postes.

Un médecin

L'hôpital de Fort Saskatchewan.

L'hôpital de Fort Saskatchewan.

Le Dr John Kittson et le Dr Richard Nevitt voyagent avec la Force au cours de la Marche vers l’Ouest. En charge des soins de plus de 300 hommes, ils sont tenus occupés. Diarrhée, malaria, entorses et meurtrissures accablent les hommes et en donnent plein les bras aux médecins. Nevitt pratique même une chirurgie dans un cas d’appendicite.

Lorsque la Force est installée dans l’Ouest, les médecins sont envoyés au Fort Macleod, au Fort Walsh et dans d’autres postes.

Les médecins voyagent de poste en poste pour traiter les malades. Ils travaillent dans un petit hôpital ou une chambre des malades où les patients sont examinés et traités. Ils sont aussi responsables de la salubrité publique. Ils font plusieurs recommandations afin d’encourager la propreté et d'empêcher que la maladie se répande. Quand l’appel de la maladie est passé, les médecins ont de longues heures libres pour lire, parcourir les prairies à cheval ou jouer aux échecs. Seule expertise médicale de la région, les médecins de la PCN-O soignent aussi les colons et les Autochtones. Comme les villes autour des postes grandissent, les médecins de la Force ouvrent souvent un cabinet privé en dehors du poste qu’ils servent.

Maladies traitées au Fort Walsh en 1878 (annexe A, page 33 du rapport de John Kittson) :
Fièvres intermittentes et rémittentes
Fièvre typho-miasmique
Syphilis
Rhumatisme chronique
Névralgie
Aliénation
Asomie rachidienne
Laryngite chronique, nasale
Diphtérie
Pleurésie
Mal de gorge
Toux, etc.
Bronchite
Colique
Constipation
Diarrhée
Problèmes biliaires
Hémorroïdes
Dysenterie
Érythème simple
Érythème interbugo
Urticaire
Furoncles
Herpès
Épididymite
Chirurgie mineure
Hernie
Cheville meurtrie, avec fracture
Engelures
Brûlures
Nombre total de cas : 235

Chirurgien-vétérinaire

Le chirugien-vétérinaire John Poett se joint à la Marche vers l’Ouest pour soigner les chevaux et les bêtes. Il traite beaucoup de chevaux pour cause de maladie ou de blessure. En dépit de ses meilleurs efforts, plusieurs chevaux meurent en cours de route en raison de malnutrition, de déshydratation et de surmenage. Tandis que les chevaux s’affaiblissent et que la température empire, Peott exige que les hommes réservent l’une de leurs couvertures pour couvrir leur animal. Les hommes n’ont pas de problème avec le partage des couvertures, mais ils ne veulent tout de même pas partager leur tente avec leur cheval.

Tous les postes n’ont pas les services d’un vétérinaire. La plupart des postes se tournent vers les services du plus savant en matière de chevaux. Souvent, cette personne est le forgeron.

Cuisiniers

Les quarties de l'inspecteur Irvine.

Les quarties de l'inspecteur Irvine.

Les officiers sont bien traités. Des services de domestiques sont mis à leur convenance pour laver leurs vêtements, cirer leurs bottes, ranger leurs quartiers, prendre soin des chevaux et préparer leur nourriture. Les hommes réguliers ont la responsabilité de prendre soin d’eux.

Pendant la Marche vers l’Ouest, quand les hommes bénéficient d’une longue pause près d’un lac ou d’une rivière, un grand cercle de vêtements à laver et d’hommes se baignant apparaît. Les cuisiniers et les boulangers voyageant avec la Force se chargent de les nourrir.

Lorsqu'ils sont établis à un poste, les hommes mettent en commun leur argent ainsi que leur ration quotidienne de nourriture et engagent un cuisinier. Ils embauchent des femmes du coin pour faire leur lessive et, souvent, pour faire le ménage de leurs quartiers.

« Un membre de la gente féminine, une perle de femme, assistée de sa fille d’un âge incertain, visite nos casernes toutes les semaines. En combinant leur force, les deux femmes nettoient à fond nos quartiers en une seule journée... Parmi les hommes, cette femme est mieux connue sous le nom de Mother Smoke… » John George Donkin

Forgerons

Bien souvent, les forgerons sont autant responsables de ferrer les chevaux que de veiller à la santé de ceux-ci.

Bien souvent, les forgerons sont autant responsables de ferrer les chevaux que de veiller à la santé de ceux-ci.

Les forgerons sont essentiels au succès de la PCN-O. Pendant la Marche vers l’Ouest, ils sont tenus occupés à changer ou à ajuster les fers des chevaux.

Même le bétail nécessite leur attention, le long trajet abîme leurs pattes et des fers sont spécialement conçus pour leurs sabots. Les forgerons sont aussi responsables de la réparation de toute pièce métallique brisée qui fait partie des chariots ou de l’équipement en général.