Fort Benton
Bassin du port au Fort Benton.
French, Macleod et quelques hommes font la route à cheval sur une distance de 100 milles pour se rendre à Fort Benton. Dans cette ville dure et violente se trouve un télégraphe. French peut se rapporter à ses supérieurs situés dans l’est du pays. Il achète des chevaux bien reposés, un chariot et d’autres fournitures avant de quitter la ville à la hâte et rejoindre les Troupes D et E dans leur marche vers l’est. Macleod achète des bottes, des vêtements et des victuailles pour ses hommes. D’autres marchandises sont expédiées par train de bétail. Il embauche aussi la firme I. G. Baker and Company afin de les approvisionner en matériaux de construction. Il commande le matériel nécessaire à la construction des quartiers d’hiver prévus non loin du Fort Whoop-Up.
Comme l’époque de la traite de la fourrure prend fin, la I. G. Baker and Company déménage vers l’Ouest.
La compagnie approvisionne les colons et les miniers en nourriture, biens d’échange et matériaux de construction.
En 1847, la American Fur Company ouvre ses portes au Fort Benton. Après avoir été pendant plusieurs années un poste de traite échangeant vêtements, chaudrons et fusils contre de la fourrure et des peaux de bison, le fort avait alors adopté un produit d’échange beaucoup plus lucratif : le whisky. Quand French et Macleod arrivent sur les lieux, c’est pour y découvrir une ville misérable. Il n’y a là rien d’autre que deux magasins généraux et une série de petits commerces de whisky. En dépit de son allure dure, Fort Benton était devenu le principal centre de traite.
Les bateaux à vapeur en provenance de St-Louis amènent de l’équipement et des provisions au fort. Ils repartent ensuite avec des fourrures, des peaux et, pendant une brève période, des tonnes d’or. Le fort offre aussi les services d’un télégraphe, d’un bureau de poste et d’une banque. Plusieurs colons et aventuriers arrivent au Montana et dans l’Ouest canadien par cette route facile.
Fort Benton, Montana.
La Commission frontalière, les commerçants et l’Armée américaine utilisent tous des trains de bétail pour transporter la marchandise. L’inspecteur Denny les décrit :
« Chaque équipe se compose de douze ou quatorze jougs doubles de boeufs tirant d’énormes chariots recouverts de canevas. Pour former un train, on retrouve souvent un ensemble de huit troupeaux tirant vingt-quatre chariots. Les charges vont de sept milles livres jusqu’à dix ou douze tonnes par équipe. »
Le rythme avec lequel ces trains voyagent est lent. Ils n’avancent que de dix à quinze milles par jour. Par contre, rien ne les arrête.
Un train de bétail quittant Fort Benton vers les postes de traite avec de la marchandise, et peut-être du whisky.
Chaque équipe comprend un conducteur, un gardien de nuit et un cuisinier. Les conducteurs marchent aux côtés des équipes durant le trajet, leur lourd fouet explose devant les bêtes pour les remettre au pas.
Jerry Potts, guide.
Arrivé au Fort Benton, Macleod fait la rencontre de Jerry Potts. Cette rencontre change la destinée de la Force dans l’Ouest. Mi-Pied-Noir, mi-blanc, Jerry Potts parle plusieurs langues. Il est aussi un excellent chasseur, un excellent trappeur et il connaît tous les sentiers des plaines de l’Alberta ainsi que du Montana. Il accepte de guider Macleod et ses hommes jusqu’au Fort Whoop-Up.
L’inspecteur adjoint Denny, Macleod et ses hommes, s’engagent dans le nord vers le Fort Whoop-Up. Ils partent avec des hommes et des chevaux malades à la rencontre du train de marchandise.
La palissade de bois avec ses bastions dans les coins et ses meurtières dans les murs stupéfait les hommes. Devant leurs yeux, ils ont le spectacle qui leur confirme le but de cette longue Marche. Par contre, seul le gardien Dave Ackers est présent à leur arrivée.
Ce dernier invite les hommes à l’intérieur du fort et leur offre un souper composé de bison et de légumes. En dépit d’une recherche désespérée, aucune trace de whisky n’est trouvée.
Dans la région de l’Ouest, les postes de traite de la fourrure et du commerce du whisky demeurent opérationnels de l’automne jusqu’au printemps. La plupart des postes sont abandonnés durant les mois d’été car les fourrures sont à leur meilleur l’automne et l’hiver, lorsque les animaux se préparent pour les mois froids.
Les peuples autochtones chassent et piègent les animaux quand leur fourrure est bien épaisse. Tard en hiver ou à l’automne, ils amènent ces fourrures dans les postes de traite.
Les commerçants transportent leurs fourrures et se retirent du pays pendant les premiers jours de l’été. Les postes de traite sont à nouveaux remplis à l’automne. Ce n’est donc pas un hasard si, vers la fin septembre, la Police à Cheval du Nord-Ouest ne trouve rien lorsqu’elle arrive au Fort Whoop-Up ou dans tout autre poste qu’elle visite.
Officiers au Fort Walsh.
Le whisky arrive aux forts dans des barils et des tonneaux. Cette boisson a un taux d’alcool très élevé. Les commerçants savent qu’une petite quantité seulement suffit à enivrer les Autochtones qui n’ont pas l’habitude de l’alcool. Tous les commerçants prennent donc l’habitude de diluer le whisky.
La boisson est donc diluée avec toutes sortes de substances : encre, tabac, térébenthine, mélasse, gingembre, piment rouge, savon et même avec de l’eau de lessive. Cette mixture est chauffée avant d’être servie dans des petites tasses.
Une tasse comble de whisky vaut une peau de bison tandis que huit tasses sont échangées contre un cheval de trait. L’alcool mène souvent à la bagarre, parfois au meurtre. Certains hommes meurent aussi pendant les mois froids de l’hiver. Quant aux hommes qui survivent, ils passent leur temps à échanger leurs biens, mais aussi leur femme. Le peuple pied-noir, autrefois riche et fier, est devenu un peuple très pauvre quand la Police à Cheval du Nord-Ouest arrive dans la région.
Jerry Potts guide la force épuisée vers une île de la rivière Oldman. Là, ils construisent le tout premier Fort Macleod.