L'Ouest canadien (avant 1873)
Commerce de marchandises partant pour l’ouest et le nord, ballots de fourrures partant pour le sud et l’est.
Au début, on nomme principalement l’Ouest canadien Rupert’s Land. Plus tard, le territoire prend le nom de Territoires du Nord-Ouest.
À cette époque, les seuls intéressés par l’Ouest sont les marchands de fourrure. C’est que voyager sur ces terres n’est pas simple : pas de route, pas de train, pas d’avion.
Pour se rendre dans les prairies en partant de Montréal, il faut traverser les Grands Lacs en bateau, puis poursuivre le trajet à bord d’un canot, en pagayant à contre-courant.
Les voyageurs doivent également apporter leur nourriture ou chasser en cours de route. Pour dormir, ils montent des tentes ou se couvrent de leur canot.
Qu’est-ce qui pousse ces hommes, et il n’y avait vraiment que des hommes, à quitter le confort de la vie civilisée pour plonger dans cette aventure? C’est une question de mode, tout simplement!
Ces chapeaux constituent l’élément dernier cri de la mode de l’époque, grâce aux castors canadiens!
Traite de la fourrure
La mode européenne en est aux chapeaux de feutre noir faits de fourrure de castor. Le Canada avait beaucoup de castors. La traite de la fourrure est lancée.
Imaginez! Ce rongeur à la queue plate et à la dentition jaunâtre déclencha l’exploration d’un pays.
La Compagnie de la Baie d’Hudson est la première arrivée. Elle bâtit des postes de traite autour de la baie d’Hudson. Dans ces postes, les employés de la compagnie attendent que les Autochtones amènent les fourrures. Ce commerce se poursuivra pendant une centaine d’années.
La Compagnie du Nord-Ouest est lancée par les Français. Son quartier général se situe à Montréal. En fait, cette compagnie décide d’effectuer ses échanges commerciaux là où le peuple autochtone vit.
Au milieu des années mille sept cents, la Compagnie du Nord-Ouest possède des postes de traite à travers l’Ouest, en passant par le pied des montagnes Rocheuses. La Compagnie de la Baie d’Hudson a alors du chemin à rattraper.
Mais, une question revient : a-t-on besoin d’une force policière? Pas encore. Il y a bien sûr des vols et des bagarres, mais ces crimes sont punis par les commerçants eux-mêmes. Ce sont eux qui font la loi sur les terres.
Non, ce sont d’autres raisons qui créeront le besoin d’une force policière… raisons que vous découvrirez très bientôt.
Un voyageur ou coureur de bois sur les sentiers.
Les expéditions
Au milieu des années 1800, ces espaces vierges sur la carte du territoire canadien commencent à intéresser les gouvernements britannique et américain. Bien que le Canada appartienne alors à la Grande-Bretagne, les Anglais ont jusque-là ignoré l’Ouest canadien. Par contre, une rumeur court sur le fait que les Américains convoiteraient les terres du nord du Canada, y voyant l’occasion d’agrandir leur territoire et d’augmenter leurs richesses.
En 1857, le Capitaine John Palliser accompagné d’un géologue, d’un botaniste, d’un astronome et d’un géomètre-expert, partent explorer l’Ouest canadien. Au retour, ils rapportent que les terres de l’Ouest sont cultivables et que la région peut être habitée. Les miniers y trouveraient du charbon et d’autres minéraux. Un chemin de fer pourrait traverser les montagnes. La carte produite lors de l’Expédition Palliser fut la carte la plus utilisée durant de nombreuses années.
En 1870, le gouvernement britannique décide d’envoyer Sir William Butler explorer l’Ouest. Celui-ci retourne chez lui en rapportant les mêmes informations produites lors de l’Expédition Palliser. Il ajoute cependant que, cette fois-ci, la rumeur concernant le commerce des Américains sur les terres canadiennes est devenue réalité.
Colonie de Rivière Rouge.
Rébellion de Rivière Rouge
L’Ouest canadien n’est pas complètement désert. Des Autochtones vivent dans les prairies depuis des milliers d’années. Les commerçants de fourrure y construisent tantôt des postes de traite, tantôt voyagent librement sur les terres. Les villages se mettent à croître autour des postes de traite. La colonie de Rivière Rouge grossit et tente d’attirer les colons dans le sud du Manitoba.
Les Métis qui vivent dans la colonie comprennent qu’ils risquent de perdre leurs terres avec la venue de nouveaux colons anglais et américains. Ils établissent alors leur propre gouvernement sous les ordres de Louis Riel. Aucune force policière n’existe encore et, bientôt, les querelles tournent en batailles armées. Le gouvernement envoie la milice pour ramener l’ordre, mais avant qu’elle n’arrive sur les lieux, un homme est pendu et Louis Riel s’échappe aux États-Unis.
Cypress Hills, site du massacre des Assiniboines, l’événement déclencheur de la fondation de la Police à Cheval du Nord-Ouest.
Massacre de Cypress Hills
Les Américains qui commercent en terres canadiennes, la colonie en plein effervescence de Rivière Rouge qui fait du tapage, des colons qui font leur propre loi; de quelles autres raisons le gouvernement a-t-il besoin pour justifier le besoin de créer une force policière? L’événement déclencheur arrive à Cypress Hills, à la croisée des frontières de la Saskatchewan, de l’Alberta et du Montana.
En 1873, un groupe de chasseurs de loup américains attaque un camp autochtone, les Assiniboines. Sous l’effet de l’alcool, ces Américains massacrent hommes, femmes et enfants. Pour quel motif? Les chasseurs croient qu’un de leurs chevaux a été volé alors que dans les faits, celui-ci s’est tout simplement enfui.
Cette attaque horrifie les Canadiens. Une force policière sera créée.